Des occupations mésolithiques à Saint-Lizier, Creysse.
Dans le cadre de projets d’aménagements en bordure de la Dordogne, sur la première terrasse alluviale, une opération archéologique préventive a été prescrite suite à la découverte d’occupations préhistoriques lors du diagnostic (Ballarin et al. 2010).
Le décapage d’environ 2500 m² a permis de repérer deux concentrations d’objets en silex en bordure d’un paléochenal parallèle au lit actuel, dont les industries renvoient au Premier Mésolithique (Sauveterrien). Quelques grandes lames éparses et un grand nucléus à lames à débitage bipolaire montrent également un indice plus fugace d’occupation antérieure, au Paléolithique supérieur ou Épipaléolithique. Les concentrations ont été fouillées manuellement avec un tamisage intégral des sédiments, ce qui a permis de récolter près de 3000 pièces.
Les deux concentrations mésolithiques présentent des assemblages lithiques très proches et homogènes d’un point de vue « techno-typo-fonctionnel », dans un contexte taphonomique et pédosédimentaire pourtant peu favorable. L’assemblage microlithique est constitué essentiellement de triangles isocèles fabriqués sur place (nombreux microburins et krukowskis). Les lamelles supports des microlithes, a priori de première intention, proviennent d’un débitage conduit de manière multidirectionnelle (tables adjacentes). Les matériaux utilisés sont les galets de silex alluviaux recueillis sur place, nombreux dans la terrasse alluviale. La mise en forme et l’entretien des tables permettent d’obtenir des produits allongés légèrement courbes et torses. L’ouverture et le réaménagement des plans de frappe produisent des éclats plus épais, souvent légèrement outrepassés. Ces sous-produits du débitage étaient recherchés sciemment et ont été utilisés sans retouche, dans un système très pragmatique, pour le travail de matières végétales tendres (parties latérales des produits allongés) ou animales comme la peau (convexités distales des éclats épais).
Malheureusement aucun remontage ou raccord entre les deux concentrations n’a été trouvé et leur lien restera donc hypothétique. Il ne semble pas avoir de différenciation fonctionnelle entre les deux, la fabrication d’armatures (quasiment aucune utilisée), les modes opératoires, les matières premières et les traces d’utilisation des supports bruts sont identiques. Une des deux concentrations s’articule autour d’un petit foyer démantelé, constitué de galets de roches magmatiques et métamorphiques prélevés dans la terrasse alluviale. Les deux concentrations présentent un certain nombre de silex dégradés au feu. D’un point de vue ethnographique, la proposition d’occupation(s) brève(s) du type halte de voyage ou de chasse peut être avancée, avec fabrication d’armatures et travail des plantes et de peaux pour la fabrication ou la réfection de matériel.