L’intervention menée par l’entreprise Paléotime durant 4 semaines en septembre 2008 a permis de décaper environ 5600 m² et de reconnaître l’organisation d’une partie du site. La sécheresse ambiante, la multiplicité des bioturbations (pieds de vigne modernes, fourmilières, etc.) ainsi que le peu de contraste entre les creusements anciens et les sédiments encaissants ont rendu les décapages et l’identification des structures particulièrement ardus. Un niveau de sol peu dense contenant du mobilier chasséen a été documenté lors des décapages mécaniques, mais l’intérêt principal de l’intervention réside dans le nombre et la qualité des structures en creux qui ont été mises au jour et fouillées.
Cinq types de structures chasséennes sont identifiés :
– des possibles élévations, avec au moins un calage de poteau en bois,
– un dépôt de mobilier (céramique, galets choisis, silex) dans une petite fosse (St 13),
– 13 fosses qui sont pour la plupart des silos souterrains destinés au stockage de denrées,
– 14 structures de combustion, dont 9 fosses qui ont servi de foyers ou de fours avec d’importants volumes de pierres brûlées retrouvés dans le comblement,
– 2 puits de plus de 3 m de profondeur (St. 6 et 66).
Les foyers/fours en fosse, les puits et le dépôt n’avaient pas été identifiés lors du diagnostic. Ils ont donc constitué une heureuse surprise lors de la fouille et nous ont obligé à adapter le projet d’intervention initial. Les deux puits, au comblement stratifié alternant accumulation et curage, ont fait l’objet d’une fouille manuelle quasiment intégrale et d’un tamisage très poussé.
Le mobilier récolté est abondant surtout dans les deux puits qui ont servi de dépotoir à plusieurs reprises. La céramique est fragmentée mais de nombreuses formes sont reconstituables, qui permettent de placer les vestiges dans une phase récente du Chasséen (Néolithique moyen). Les dates radiocarbones s’inscrivent dans une fourchette comprise entre 3970 et 3650 av. J.-C. Le silex taillé est lui aussi d’une haute qualité technique, avec de nombreuses lamelles débitées sur des silex provenant de la région du Mont Ventoux. Dix lamelles et éclats en obsidienne constituent une découverte notable. Les liens des habitants préhistoriques de Vernègues avec la mer s’expriment aussi par la parure, avec divers coquillages transformés en perles et en pendeloques. Les appareils de mouture sont abondants, réutilisés comme pierres de chauffe et brisés.
Enfin, lors du diagnostic, un possible fossé préhistorique avait été repéré à l’ouest de la parcelle dans une zone préservée des aménagements. Son étude précise par tranchée lors de la fouille a permis de démontrer qu’il s’agit en fait d’un chenal ancien, sans doute contemporain des glaciations du Quaternaire. D’autres chenaux de ce type, de moindre largeur, ont été identifiés sur le décapage, ce qui permet de documenter l’histoire naturelle des lieux bien avant l’arrivée des hommes au Néolithique.
L’importance du vallon de Cazan pour la compréhension des modalités d’occupation de la Provence occidentale au Néolithique moyen est bien confirmée par cette intervention, qui place Cazan parmi les grands sites de plein-air du Néolithique moyen du Sud de la France, aux côtés de Trets, des Moulins à Saint-Paul-Trois-Châteaux et du Gournier à Montélimar.