Les Misagroux (Blois, Loir-et-Cher)

 

Situé à 3 km au nord de Blois et de la Loire, le site « Les Misagroux » se déploie sur un plateau où sont représentés trois types de formation géologique : les limons de plateaux, le calcaire et marne de Beauce et les sables de l’Herbault. La fouille fait suite à un diagnostic archéologique préalablement à l’aménagement d’une zone industrielle. Menée de mars à juin 2009, elle a permis de mettre au jour un ensemble de vestiges attestant de plusieurs occupations humaines inscrites dans la durée, du Paléolithique aux périodes historiques. L’implantation principale, artisanale et domestique, est rattachée au Néolithique moyen I et au Néolithique récent (datation 14C sur noisetier et sorbier, et typologie du mobilier). Elle a été appréhendée par des vestiges immobiliers tels que des fosses (n = 5) et des foyers (n = 4) mais aussi et surtout par une pléthore de mobiliers (poids total = 604 kg) à la base du premier niveau remanié sous les labours et au sommet du second en place. Il s’agit de silex (574 kg, soit 95,11% du mobilier total), de céramique et de très rare faune (70 g de boeuf, Capriné et ongulé indéterminé), répartis uniformément sur l’ensemble de la surface purgée, soit plus de 6 000 m², et sur une épaisseur de près de 40 cm. L’industrie lithique atteste la présence d’un atelier de façonnage et de débitage de silex avec des dizaines de milliers d’éclats, des nucléus, des percuteurs et quantité d’esquilles. Elle a été réalisée sur deux types de matériau. La majorité des silex utilisés (92,4 %) provient des calcaires lacustres tertiaires d’origine locale, les autres proviennent de formations turoniennes qui se trouvent à 20 km au sud ouest (Amboise) et au sud (vallée du Cher) du site. Cela témoigne d’un choix quasi exclusif « lointain », bien que le domaine minéral proche soit varié avec des silex sénoniens pourtant proches (moins de 4 km). Ces données sur les matières premières sont à mettre en relation avec le type de production. En effet, les supports transformés de petite dimension ou à usage domestique sont plus fréquents dans le second type (produits laminaires retouchés, grattoirs, micro-denticulés et denticulés, armatures tranchantes et perçante). Quant aux outils sur très grands éclats éclat comme les tranchets sur éclat axial, transversal, et les ébauches de hache (sur éclat transversal et  axial) illustrant tous les stades de la fabrication, ils sont réalisés à partir de silex Aquitanien.

L’originalité de ce site réside en son industrie lithique, qui présente une standardisation des produits ainsi qu’une utilisation privilégiée de silex du Turonien inférieur pour la confection de lames et d’outils alors que d’autres matériaux sont géographiquement plus proches du site. Quelques sites de la même période dans le Loir-et-Cher présentent quelques traits similaires, comme Reignac-sur-Indre (Salé, Irribarria 2007), le Bas des Touches à Saumeray (Agogué, Hamon 1998), la Croix des Vignes à Ouzouer-le-Marché (Hauzeur 2009) le « Clos des Gués » à Pezou (Leroy et al. 2006, Villes 2007), « Le Bas du Port Nord » à Muides-sur-Loire (Irribarria 1996, 2003 ; Creusillet, Irribarria 2007), « Les Sables » à Suèvres (Irribarria dir. 2008).  Toutefois la technique « Sublaines » mise en œuvre à la fois pour la fabrication des armatures et des tranchets est une spécificité du site «Les Misagroux ».

INTERVENANTS :

Aménageur : Communauté de communes Grand Blois développement
Prescripteur : DRAC – SRA Centre-Val de Loire
Opérateur : Paléotime



AMÉNAGEMENT :

Création d’une ZAC



LOCALISATION :

 



RAPPORT FINAL D’OPÉRATION :

Référence bibliographique :
PELLISSIER M., COQUERY J.-F., COUMONT M.-P., FERNANDES P., GASNIER M., HAUZEUR A., MORIN A., MORIN J., RENARD C. et RUÉ M. (2010) – Le site néolithique Les Misagroux, Zac du Bout des Hayes, Blois-Villebarou (Loir-et-Cher, 41), Rapport final d’opération d’archéologie préventive, Villard-de-Lans, Paléotime, SRA Centre, 3 vol., 340 p.


 
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