Dans le cadre de l’aménagement de plateformes logistiques dans la commune de Boisseaux (département du Loiret, limitrophe des départements de l’Essonne et de l’Eure-et-Loir), un diagnostic archéologique dirigé par K. Payet-Gay (CG 45) a permis la découverte de vestiges lithiques (essentiellement silex) rapportés au Mésolithique au sein de deux sondages distants de 200 m.
Une fouille archéologique préventive a alors été prescrite et deux fenêtres de 500 m² chacune ont été ouvertes autour des vestiges mis au jour lors du diagnostic. Cette opération s’est déroulée entre le 14 mars et 3 juin 2022.
Dans les deux secteurs, les différentes coupes réalisées révèlent une séquence stratigraphique similaire composée de plusieurs unités pédo-sédimentaires (UPS). Le mobilier archéologique, repéré juste sous la terre végétale (UPS 1), s’insère au sommet d’un épais horizon argilique de sol brun lessivé qui s’est progressivement développé sur des matériaux limoneux d’origine éolienne au cours de l’Holocène. Cet horizon argilique est plus fortement bioturbé à son sommet (UPS 2) qu’à sa base (UPS 3). Le mobilier archéologique est principalement dispersé dans toute l’épaisseur de l’UPS 2 (30 à 40 cm) et dans une moindre mesure dans l’UPS 3 (environ 30 cm). L’importante dilatation verticale des vestiges plaide en faveur d’un fort impact de la bioturbation dans la formation du site. Les labours successifs ont par ailleurs tronqué la partie supérieure de la nappe de mobilier, dans des proportions difficiles à estimer.
En revanche, le mobilier archéologique est réparti de manière non homogène sur la totalité des deux secteurs. Des zones nettement plus denses en vestiges se dégagent, témoignant probablement de parties mieux conservées et/ou résultant de petites aires d’occupations.
Dans le secteur 1 (au sud), le mobilier se concentre au centre de la fenêtre de fouille. Plus de 700 artefacts en silex ont été côtés (hors tamisage) dont environ 30 % chauffés (à confirmer lors des analyses post-fouille). Cette importante proportion de silex chauffés interroge sur la présence d’un foyer démantelé. En dehors de la présence de micro-charbons à l’interface des UPS 2 et 3, aucun autre indice (présence de galets chauffés, concentration de sédiments chauffés, organisation particulière par exemple) ne permet pour l’instant d’étayer cette hypothèse.
Dans le secteur 2 (au nord), deux zones de plus fortes densités de vestiges archéologiques ont été repérées. Une première dans le centre de la fenêtre de fouille et une seconde plus importante dans la partie nord de l’emprise. La localisation de cette dernière, nous a encouragé, avec l’aval du SRA, à effectuer deux transects sud/nord et est/ouest en dehors de l’emprise prescrite afin de déterminer la géométrie de cette concentration de vestiges. Finalement le secteur 2 livre près de 1800 silex taillés côtés (hors tamisage) dont seulement 10 % de chauffés (à confirmer lors des analyses post-fouille).
Si le statut des vestiges parait de prime abord se distinguer entre les secteurs (à confirmer en post-fouille), les différentes séries archéologiques mises au jour lors de cette opération présentent certaines parentés typologiques et technologiques (armatures, micro-burins, production lamellaire notamment) qui tendent à les rapprocher du Premier mésolithique.
Le site archéologique de Boisseaux laisse ainsi entrevoir un important potentiel archéologique et apporte de nouvelles données concernant le Mésolithique du sud du Bassin parisien.