Le Fief aux Dames (Cognac, Charente)

L’opération de Cognac « Fief aux Dames » (OA 207903) s’est déroulée du 10 octobre au 11 novembre 2022. Le décapage a été réalisée sur près de 90m de longueur et sur 10m de large, conformément à l’emprise et au cahier des charges initial. En moyenne, la profondeur de décapage se situe à 1,10m. Le volume excavé est d’environ 1000m3. Au terme de l’opération de fouille, 2858 objets ont été récoltés lors du décapage mécanique et topographiés. Les tests manuels ont permis de récolter 525 objets supplémentaires.

La stratigraphie présente un dépôt de pente alimenté par la cryoclastie du substrat calcaire santonien et préservé préférentiellement sur le haut de versant de la combe des Dames. Les faciès de dépôt sont symptomatiques d’apports de versant mis en place en contexte périglaciaire, notamment par la cryoreptation, le ruissellement et des coulées de débris. Deux principales unités constituent la base de cette séquence :
– au sommet, un dépôt à matrice sablo-limoneuse blanchâtre (unité Ls), plus grossier et lité dans sa partie inférieure (Ls2), surmontée au nord du site par une unité Bk brune indurée ;
– à la base, au contact avec le substrat, un dépôt à matrice sablo-limoneuse orangée (unité Lb).
La mise en place de ces dépôts est polyphasée.

Le niveau archéologique s’insère dans la partie basale de la séquence stratigraphique (unité Lb principalement, puis plus sporadiquement dans les unités Ls et Bk au nord de la tranchée). Les datations OSL du sédiment contenant le niveau archéologique s’étalent de la fin du stade isotopique 3 au LGM. Le mobilier présente des états de surface majoritairement marqués par des altérations importantes (population taphonomique 1 : patines blanches fortes, esquillements sur les bords, arêtes émoussées, gélifraction intense). Une petite partie du mobilier est peu altérée (population taphonomique 2), suggérant donc a minima deux phases d’occupations diachroniques. Les tests de tamisage montrent que la fraction fine a disparue, le tri granulométrique est avéré.

La quantité de nucléus (notamment les nucléus peu investis) et la surreprésentation des éclats corticaux indiquent que la série est issue d’un site de production, les outils (difficilement identifiables vu les altérations) sont peu nombreux. Deux chaines opératoires principales ont été mises en évidence sur le site. La première est le débitage Levallois, bien représenté sous toutes ses modalités récurrentes ou préférentielles, mais s’exprime majoritairement par des modalités unipolaires dont la finalité est l’obtention de produits allongés. La modalité préférentielle s’exprime notamment au sein de la population taphonomique 1. Une production laminaire a également été identifiée. De (très) rares indices de façonnage sont présents. Outre la modalité préférentielle, plusieurs autres critères de discrimination technologique entre les deux populations taphonomiques corroborent l’hypothèse de deux phase d’occupations.

Tous ces éléments montrent que la série retrouvée au Fief aux Dames est remaniée, en position secondaire, et composée a minima de deux phases d’occupations diachroniques, antérieures à l’âge de la couche stratigraphique (MIS 3). Le site d’origine devait se trouver en amont du versant, un peu plus au sud. La présence de débitage Levallois préférentiel suggère des phases d’occupations antérieures au MIS 4. Des comparaisons de(s) (l’)industrie(s) avec des sites du Périgord, notamment autour de Bergerac (Garris 2, Le Saraillet, Vieux-Coutets), sont possibles.

INTERVENANTS :

Aménageur : Communauté d’agglomération du Grand Cognac
Prescripteur : DRAC – SRA Nouvelle-Aquitaine
Opérateur : Paléotime



LOCALISATION :

 



RAPPORT FINAL D’OPÉRATION :

Référence bibliographique :
TALLET P. (dir.), RUÉ M., VAISSIÉ E., Le site du Fief aux Dames, Cognac, Rapport Final d’Opération, Villard-de-Lans : Paléotime, 2024, 312 p.

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