Préalablement à la construction d’un centre hospitalier à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), sur une surface de dix sept hectares, un diagnostic a révélé des occupations de l’âge du Fer et antiques ainsi qu’une occupation du Paléolithique supérieur attribuée a priori à une phase récente de celui-ci.
Sur 400 m², à une profondeur de 165 cm, une station aurignacienne a été mise au jour. Sur les 70 m² de concentration, l’ensemble du mobilier a été coté et l’intégralité du sédiment a été tamisée. Du point de vue taphonomique, il semblerait que la position originelle et relative des vestiges soit partiellement mise en doute mais sur de faibles distances.
La série de vestiges, attribuée à l’Aurignacien récent, comprend 1034 objets, exclusivement lithiques. Elle comprend une série sur silex parmi lesquels on note la présence de grattoirs-nucleus carénés, de nombreuses microlamelles ainsi qu’une série de « grattoirs » Caminade. On remarque l’absence de burins busqués et la rareté des éléments laminaires. Des galets décimétriques de quartz issus de la terrasse ont été utilisés soit chauffés à des fins de cuisson et soit non chauffés pour la fabrication d’outillage taillé. De nombreux remontages tant sur quartz que sur silex ont été réalisés permettant d’affirmer que peu de débitage s’est effectué sur place. De rares galets de calcaire, de quartzite ou de granite, de plus fortes tailles sont présents. Si certains calcaires sont taillés, les autres sont intacts.
Deux dates OSL ont été obtenues, l’une à la base de l’horizon archéologique, a livré 37 ka BP et une autre date échantillonnée au dessus 33 ka BP. Deux dates TL sur galets de quartz chauffés confirment ces résultats.
La tracéologie effectuée sur les silex nous montre que la production lamellaire, dont les grattoirs Caminade, n’était pas destinée à l’armement mais à la boucherie et au travail domestique, elles étaient sans doute emmanchées en série. Les grattoirs carénés-nucleus ont également été utilisés après débitage. L’aire d’approvisionnement en matériaux silex s’étend sur une cinquantaine de km sur un axe nord-sud entre Villeneuve-sur-Lot et Bergerac. Le site se trouve a priori aux limites méridionales du domaine minéral exploité au sein duquel certains affluents du Lot et de la Dordogne ont joué un rôle important.
La répartition horizontale des vestiges nous indique des concentrations de mobiliers spécifiques comme l’association des microlamelles retouchées et des grattoirs Caminade, des quartz chauffés et des quartz taillés. Il semblerait que nous soyons en présence d’un secteur périphérique d’habitat sur lequel une activité probablement liée à la boucherie s’est déroulée. Malgré la modestie de la série de vestiges, la station de Brignol s’inscrit dans la trame culturelle et régionale de l’Aurignacien aquitain qui se superpose globalement à l’aire d’approvisionnement de ce groupe humain en silex.