Le décapage mécanique extensif couplé d’une phase exploratoire sur 1 000 m2 par quart de mètre carré en quinconce, fouillé manuellement par passe de 3 à 5 cm, conjugué à un tamisage à l’eau systématique, a permis de préciser trois zones de concentration des vestiges.
Ces travaux ont été effectués conjointement à une étude géomorphologique du terrain afin de définir les conditions d’enfouissement et les processus post-dépositionnels ayant pu affecter les différents locus. Il a pu être mis en évidence que l’U.P.S. recouvrant et incluant le niveau archéologique correspond aux sables des Landes. Ce niveau se serait mis en place après 26000 BP. L’étude géomorphologique a également pu appuyer l’hypothèse que les vestiges attribuables au Gravettien n’avaient subi que des perturbations post-dépositionnelles succinctes.
La détermination des matières premières siliceuses de l’ensemble de la série (n=1315) a permis de montrer que l’ensemble du matériel provient de gîtes situés au sud-ouest du gisement. Avec des silex de type Flysch (Pyrénées occidentales), dont les gîtes sont distants d’au moins 60 à 80 km, et des silex du domaine chalossien (Audignon, Tercis), entre 20 et 60 km. Couplé à l’étude technologique, ce travail plaide pour une gestion différentielle dans l’économie des matières premières, à la fois entre les locus, mais également en leur sein. On constate ainsi que l’industrie lithique était introduite sur le gisement selon un triptyque récurrent sur les trois locus : d’une part des nucléus lamino-lamellaires préformés, en cours d’exploitation, destinés à être débités complètement ou en partie in situ, de l’autre des supports bruts (lame(lle)s et éclats) et des pièces transformées sur supports déjà détachés (armatures, burins, ….).
Sur les trois occupations, on observe une organisation préférentielle du débitage vers le détachement de produits lamino-lamellaires. Une activité de transformation de supports a également pu être observé sur les trois unités. Avec d’une part une fabrication d’armatures qui est attestée par des pièces fracturées en cours de fabrication, dont un micro-burin « Krukowski », et par des éclats de retouches par pression. Et de l’autre une fabrication et un ravivage des burins, dont quelques chutes étaient présentes.
L’étude tracéologique a mis en relief certains éléments de l’économie de subsistance et de la vie quotidienne comme l’acquisition du gibier par la chasse, la découpe de matériaux souples (viandes ou peaux) ou encore le travail de la matière dure animale. Ces données, en lien avec l’analyse typologique des pièces transformées (burins de « Noailles », armatures, ….), a permis de proposer une attribution chrono-culturelle au Gravettien, plus précisément à la fin du Gravettien moyen ou au Gravettien récent.
L’analyse spatiale qui a permis de proposer l’existence d’une organisation interne dans les locus. Avec d’un côté des postes de taille où ont été débités les nucléus et de l’autre des aires d’activités distinguées par des regroupements de pièces transformées, de supports bruts introduits déjà débités et de quelques supports bruts détachés in situ portant des traces d’utilisations. Nous interprétons pour l’heure ces locus comme des occupations de courte durée qui se sont répétées dans le temps, dans le même lieu, par le même groupe de population. Il pourrait s’agir d’une halte de voyage ou de chasse appartenant à une zone de parcours saisonnier en lien avec l’économie de subsistance de ces populations.