La fouille préventive du site des « Genêts » à Ablis (Yvelines, 78) s’est déroulée entre le 8 et le 25 août 2016 et fait suite à un diagnostic positif ayant livré du mobilier néolithique et des vestiges architecturaux en terre crue (Brutus et al. 2015). Cette fouille est réalisée préalablement à l’extension de la zone résidentielle du village entre les dernières habitations et la route départementale de contournement, un projet de la commune et pris en charge par la société Tepacter. L’emprise de 10.000 m² à l’origine se situe près du rond-point formé par la rue de Boinville et la RD988 au sud de l’agglomération villageoise actuelle. Le terrain est relativement plat, accusant une très légère pente vers le nord-est. Le substrat est constitué par des dépôts limoneux d’origine éolienne.
Le décapage et la fouille ont été menés en réalité sur 5340 m², le chantier ayant été arrêté sur notification du SRA au vu des résultats négatifs par rapport à ce qui était attendu, c’est-à-dire des plans de maisons avec éléments architecturaux en terre crue.
L’examen approfondi des coupes stratigraphiques réalisées dans les limites de l’emprise, montre un développement classique de la séquence sédimentaire loessique en un Luvisol typique. L’horizon éluvié (E) est partiellement tronqué par les pratiques agricoles. L’horizon argilique (BT), au sein duquel ont été reconnus les vestiges, occasionne des figures de séchage de forme polyédrique. Ce sont ces figures qui ont été interprétées comme des « pains de terre » au diagnostic alors qu’elles sont tout à fait naturelles et logiques dans un tel contexte. Ces observations à divers endroits de l’emprise, complétées par plusieurs résultats analytiques (micromorphologie, géochimie, datation OSL), confirment l’absence d’éléments architecturaux en terre crue. Elles ont été étayées par des enregistrements en plan des différents faciès provoqués par les processus post-dépositionnels (bioturbation et hydromorphie en particulier).
La fouille a révélé quelques structures d’âge antique ou postérieur, qui sont en général non datables de façon précise car ne contenant aucun mobilier : une grande fosse d’extraction, une dépression anthropique ou naturelle, des traces de parcellaire, un amas caillouteux. Des stigmates provoqués par la bioturbation passée ou actuelle complètent cet inventaire, entre autres des chablis. Une nappe de mobilier s’insère dans la partie supérieure du Luvisol et ne montre aucune organisation spatiale en relation avec une organisation d’unités domestiques au sein d’un village. Par contre, sa densité variable et sa répartition est corrélée au parcellaire « napoléonien » et exprime sans doute une histoire différente des parcelles proches, des types d’exploitation divers ayant comme conséquence une conservation différentielle des vestiges archéologiques.
Le mobilier se compose essentiellement de produits taillés en silex issus des bancs de silex et silcrètes du Mésozoïque local. Les approvisionnements multidirectionnels et variés sont un trait chrono-culturel du Néolithique final du Nord-Ouest. Les produits de débitage indiquent une tendance laminaire certaine mais une mise en œuvre peu élaborée. Les quelques outils récoltés correspondent à de l’outillage domestique (grattoir à front débordant, micro-denticulés et denticulés) qui pourraient se rattacher à un Néolithique récent/final, de même que les deux fragments de lames de hache polie. D’autres périodes représentées par l’une ou l’autre pièce ne sont pas à exclure, notamment un petit nucléus de type mésolithique. Toutefois le faible nombre de ces outils et l’absence de certaines catégories comme les éléments de faucilles, les grattoirs, les armatures ne prônent pas en faveur d’un habitat in situ.
Les produits en céramique sont des fragments de récipients en céramique, très souvent non décorés. Certains types de bords et de fond dénotent d’une ambiance Néolithique et Protohistorique : fonds plats, anse arciforme, décor au doigt. Quelques exemplaires attestent aussi une présence antique. Plusieurs fragments de tuiles (tegulae) peuvent être attribués à la période gallo-romaine et aussi à la production locale médiévale de Dourdan.
Les témoins du Néolithique correspondent plutôt à des indices de site qu’aux restes d’un site d’habitat au sens strict, qui devrait se trouver dans les environs. Aucune structure en creux ne se rattache à cette période. De surcroît, les observations de terrain et les diverses analyses géoarchéologiques ont démontré l’absence d’anthropisation de cet endroit. Pour les périodes ultérieures, les quelques témoins et vestiges structurés sont le reflet des activités collatérales aux habitats gallo-romains et médiévaux, dont les vestiges se trouvent dans ou aux abords immédiats du village actuel.