L’opération s’est déroulée sur 22 semaines, de mai à septembre 2022. L’emprise prescrite étant considérable, plus de 30 000 m², c’est une approche mécanisée qui a été privilégiée. Le décapage mécanique a alors révélé la présence de deux horizons archéologiques, conservant des industries lithiques organisées en nappes diffuses, au sein desquelles se distinguent cependant nettement des concentrations de vestiges localisées. Ces dernières ont alors fait l’objet de fouilles manuelles. 35 fenêtres ont ainsi été traitées manuellement, par passes artificielles de 5 cm, pour une surface cumulée de 287 m². L’extension de ces concentrations lithiques, des amas de débitage, varie fortement d’une fenêtre de fouille manuelle à l’autre, pour des surfaces explorées variant de 0,5 m² à 34 m². Ces fouilles manuelles soulignent la bonne conservation de la nappe de mobilier constituant le niveau archéologique supérieur, malgré des indices évidents de déplacements en masse de l’horizon de mobilier dans la pente, notamment en partie sud de l’emprise de toutes les zones de fouilles explorées. Si l’horizon archéologique supérieur, objet de la prescription de fouille, a bien été fouillé sur l’ensemble de la surface de l’emprise de fouille, ce n’est pas le cas pour l’horizon inférieur, découvert fortuitement en tout début d’opération lors du creusement des premiers transects stratigraphiques (transects TR1 et TR2). Ces derniers visaient à reconnaitre la séquence stratigraphique décrite à l’issue du diagnostic archéologique, et régler la profondeur du décapage à réaliser par la suite lors du décapage mécanique de l’emprise. C’est le recul du versant du plateau de Brie vers le nord, causé par l’érosion, qui en détruisant le sommet de la séquence stratigraphique conservant l’horizon archéologique supérieur, a favorisé la découverte de l’horizon inférieur lors du creusement des transects, initié au sud, en bas de pente des parcelles concernées. Afin de caractériser au mieux cet horizon, dont la conservation semblait excellente, deux fenêtres exploratoires ont été élargies autour des deux fouilles manuelles épargnées lors du creusement des transect TR1 et TR2 (fenêtres 1 et 2, respectivement 400 et 100 m²). Plusieurs lignes de sondages profonds localisés ont ensuite été réalisées afin de reconnaitre l’extension de cet horizon archéologique et la profondeur de son enfouissement, dans et hors emprise, notamment au sud, là où sa conservation pourrait être menacée par les futurs aménagements du parc d’activités. Il s’avère alors que l’érosion affecte également ce second niveau d’occupation en bas de pente.
12 345 pièces lithiques taillées ont été mises au jour, dont 953 pour l’UPS5, 1628 pour l’UPS6, 8105 pour l’UPS7, 666 pour l’UPS8, et 65 pour l’UPS9, à savoir les unités assimilées au niveau archéologique supérieur, et 802 pour les UPS12/13 et le niveau inférieur. 286 éléments lithiques non taillés ont également été enregistrés, les plus grands éléments (blocs de meulières) ont été lavés à haute pression, photographiés et pesés sur le terrain, et le cas échéant abandonnés lorsqu’il n’y avait pas d’indices de modifications anthropiques sur le bloc examiné. Quelques galets de grès-quartzite semblent avoir fait l’objet d’un débitage sur enclume parmi ces objets classés initialement comme non taillés lors du décapage mécanique. On y distingue également parfois des plages de percussion (fragments de percuteurs ? remploi d’un nucléus ?).
L’industrie lithique, où les débitages de conception Levallois (méthodes récurrentes centripète et unipolaire convergente) dominent, réserve néanmoins une belle place aux débitages laminaires et au façonnage de bifaces. Ces derniers sont particulièrement bien représentés dans l’horizon archéologique supérieur, avec 21 exemplaires, provenant pour l’essentiel des UPS6 et 7. Plusieurs traditions techniques peuvent être distinguées, les bifaces de l’UPS6 présentant un façonnage bifacial intégral particulièrement bien mené, dégageant un tranchant distal acéré parfois ravivé par coups de tranchet, alors que ceux de l’UPS7 sont en général plus grossiers, avec une base réservée, souvent des plages corticales subsistantes encore importantes et parfois seulement un tranchant latéral façonné. Les racloirs, simples mais aussi convergents, souvent sur supports Levallois, dominent l’outillage sur éclats. La retouche y est toujours soignée. L’utilisation des tranchants bruts, notamment sur éclats Levallois, sur un matériel par ailleurs d’une fraicheur remarquable, semble également généralisée (présence de macrotraces évidentes). Bien entendu, cette dernière, ainsi que l’utilisation de l’outillage retouché en général, demanderont à être précisées au travers d’une étude tracéologique.
L’étendue réelle du site, qui s’étend manifestement bien au-delà de l’emprise prescrite, et l’abondance du mobilier lithique récolté, s’insérant stratigraphiquement dans deux horizons archéologiques, témoignent ainsi de l’importance de la fréquentation de cette partie du plateau briard au Paléolithique moyen. Le site témoigne alors sans doute d’un cumul d’occupations successives, qu’il faudra tenter de démêler. En ce sens, l’existence au sein de nappes de mobilier diffuse de concentrations lithiques localisées, au fort potentiel de remontages, représente un premier axe d’étude. Le croisement des études taphonomique, géoarchéologique, pétroarchéologique ainsi que de l’étude technologique fine des chaines opératoires de débitage et de façonnage complèteront la reconnaissance des multiples occupations s’étant succédées sur le site.