Le projet de ZAC situé sur la commune de Dhuisy, au lieu-dit Les Effaneaux, à côté de l’échangeur n°19 de l’autoroute A4, a permis la découverte de vestiges paléolithiques, antiques, médiévaux et moderne lors du diagnostic (Seng 2016). Une opération de fouille préventive de grande ampleur a été prescrite sur l’ensemble de ces périodes, réalisée par un GME entre Eveha et Paléotime.
Pour la période paléolithique, trois fenêtres de 5000 m² chacune ont été prescrites et ouvertes à une profondeur de 2 m de moyenne. Ces décapages conduits par Paléotime ont permis la mise au jour de nombreux vestiges lithiques (3925 objets), quasi-exclusivement en silex.
Ces vestiges s’insèrent au sein d’une unité stratigraphique (5) qui correspond à un paléosol (et plus précisément à un mollisol périglaciaire) à l’interface entre deux horizons BT (unités 2, 3 et 4 au-dessus et unités 6 et inférieures en dessous). Le mobilier est peu dilaté verticalement, situé en majeure partie au centre de l’unité stratigraphique qui contient des éléments ferro-manganiques et constitue un niveau repère. Les trois secteurs de fouille sont situés à différents niveaux du plateau et montrent des particularités géomorphologiques.
Le secteur 15 (5563,413 m² ouverts) est situé dans la pente vers un petit vallon à l’ouest. La stratigraphie est perturbée, avec des variations latérales importantes vers le vallon. Il est quadrillé par un grand réseau de fentes F2 qui s’ouvrent sous l’UPS 1 (Pléniglaciaire probable, à une période de froid humide qui conduit à la création de ces grands coins de glace) et qui dessinent des quadrilatères avec un axe dans le sens de la pente, et par un réseau polygonal plus petit (F1) qui marque le maximum Glaciaire. Ce secteur a livré 758 objets lithiques. Le mobilier n’est pas réparti de manière uniforme, mais disposé en zones de densités relatives ou « concentrations » dont une partie a été fouillée manuellement (FM15.1 à FM15.6).
Le secteur 16 (5491,929 m² ouverts) est situé dans la pente principale vers la vallée au sud. Le réseau de grandes fentes F2 est moins visible et semble déformé, la stratigraphie est plus dilatée. La fouille a livré 747 objets lithiques. Le mobilier est réparti de manière plus uniforme – épandage lâche – avec une petite concentration au sud qui a été fouillée en partie manuellement (FM16.1).
Le secteur 17 (4835,335 m² ouverts) est situé en bordure du plateau, dans une position assez différente des deux autres. Une paléoforme (talweg, chenal ?) s’ouvre au sud-est. La fouille a livré 2420 objets lithiques. Le mobilier n’est pas réparti de manière uniforme, mais disposé en concentrations fouillées en partie manuellement (FM17.1 à FM17.4) dans le niveau principal. Ces concentrations sont dans la partie orientale de l’emprise, et indiquent très probablement des zones mieux conservées malgré la verticalisation très nette du mobilier (effet du mollisol ?). Du mobilier se trouve également en nombre dans le comblement de la paléoforme. Sur ce secteur, le réseau de grandes fentes F2 est absent, et le réseau polygonal des petites fentes (F1) moins marqué ou moins régulier.
Sur l’ensemble du site, les observations montrent donc la présence d’un niveau paléolithique principal, inséré dans l’unité stratigraphique 5, datant probablement du début du Pléniglaciaire. Contrairement aux observations du diagnostic, le mobilier est rarement en position plane, plus souvent en position oblique et verticale, ce qui semble logique dans l’hypothèse d’un mollisol (mouvements verticaux). Le mobilier a subi un tri granulométrique marqué (ruissellement). Le statut des vestiges est probablement différent entre le secteur 17 (moins remanié) et les deux autres, plus perturbés. Les remontages et raccords sont néanmoins attestés au sein des concentrations sur l’ensemble du site.
Le mobilier présente une certaine homogénéité technique (méthodes et concepts de taille identiques d’un secteur à l’autre, mais en proportion différente) et taphonomique (états de surface comparables). Au niveau technique, les caractéristiques s’inscrivent pleinement dans le « Technocomplexe du nord-ouest » (Depaepe 2007). Plusieurs chaines opératoires sont présentes, notamment les débitages Levallois (dans des modalités préférentielles, unipolaires ou centripètes), laminaires, unipolaires convergents (pour l’obtention de pointes) et Discoïdes. Le façonnage est absent. Un débitage lamino-lamellaire (ou d’éclats) sur sous-produits de débitage, en proportion importante, souvent sur tranche d’éclat, complète les schémas opératoires principaux.
