La rénovation de la station d’épuration sur la commune de Ginasservis (83) a entrainé la mise en place d’un diagnostic archéologique en 2020 suivi en 2021 d’une fouille préventive. La surface ouverte, contrainte par la végétation s’étend sur environ 2300 m².
Le site se trouve au bas du versant sud d’une colline. Toute la moitié septentrionale est fortement arasée par les labours. Les structures ont été découvertes soit directement sous la terre végétale, soit sous un niveau de colluvion de pente récent. En revanche, au sud, la séquence stratigraphique est beaucoup plus dilatée grâce à l’installation d’un mur d’époque moderne ou contemporaine suivi d’une accumulation sédimentaire qui l’a protégé des érosions du versant et surtout des labours. Ainsi deux paléosols ont pu être identifiés au sud / sud-ouest de l’emprise. Le premier, le plus haut dans la séquence, est composé d’un sédiment organo-minéral brun noir contenant de nombreuses dépressions à l’intérieur (fossés, fosses de plantation ?). Le mobilier découvert à l’intérieur appartient généralement à l’Antiquité. Le paléosol sous-jacent se compose d’un sédiment organo-minéral lui aussi, brun et très induré. Dans ce niveau la céramique est non tournée, avec des éléments pré et protohistoriques. Les structures en creux qui s’ouvrent dans ces paléosols ne se distinguent pas de l’encaissant. Seules les structures contenant des vestiges anthropiques comme des amas de blocs ou des restes de rubéfactions ont pu être clairement identifiées. Toutes les autres structures n’étaient découvertes qu’une fois le substrat atteint.
Les fouilles se sont déroulées en novembre et décembre 2021 et nous présentons ici des résultats préliminaires. Les vestiges se rapportent au Néolithique moyen et final, au premier âge du Fer et dans une moindre mesure à l’Antiquité.
Le Néolithique moyen découvert durant le diagnostic archéologique dans un secteur non prescrit à la fouille, se composait des restes d’un foyer et d’une fosse contenant un dépôt de probable canidé. Lors de la fouille, la découverte d’un puits à l’extrémité sud de l’emprise, avec à l’intérieur le dépôt de deux canidés, laisse supposer une continuité de l’occupation de cette période dans la partie sud de l’emprise. La céramique issue de ce puits étant rare et ubiquiste, seule une datation permettra de confirmer ou pas cette hypothèse.
Le Néolithique final est présent sur toute la partie orientale de l’emprise. Il se caractérise par des structures en creux de différente typologie : fosse, silo, trou de poteau. Certaines structures conservent des rejets anthropiques dont de la céramique hémisphérique décorée d’un bouton près du bord. L’un des silos a livré l’intégralité d’un vase en terre crue renversé dans ce dernier. Ce vase-silo d’environ 0,70 m de haut et 0,40 m de diamètre a fait l’objet d’un coffrage pour un prélèvement mécanisé et une fouille en laboratoire qui interviendra courant 2022.
Aucune organisation spatiale des structures de cette période n’a pu être appréhendée du fait de l’érosion au nord et de la faible superficie de l’emprise.
Les structures du premier âge du Fer sont peu nombreuses et localisées uniquement au nord / nord-ouest de l’emprise. Il s’agit de grands creusements, probablement des silos, qui ont livré, pour deux d’entre eux, des céramiques de stockage complètes, brisées sur place. La distribution limitée de ces vestiges laisse penser que nous sommes en limite d’une occupation protohistorique qui semble se développer au-delà de l’emprise, en direction du nord / nord-est.
Enfin, conformément au diagnostic, une grande fosse polylobée a été creusée durant l’Antiquité. Son creusement est irrégulier pour un diamètre atteignant jusqu’à 5 m et une profondeur de près de 1,30 m. Aucun élément permettant d’affiner la datation de cette structure n’a pu être découvert. Les creusements irréguliers en sape et la nature du comblement composée de blocs détritiques permettent d’interpréter cette structure comme une fosse d’extraction de terre. Le limon argileux jaune dans lequel est creusé cette grande fosse peut constituer une bonne matière première pour la réalisation d’éléments en terre comme la céramique par exemple.
Le site de La fontaine à Ginasservis laisse donc entrevoir un important potentiel archéologique dans le bas du versant de cette colline et apporte de nouvelles données concernant des occupations pré et protohistoriques dans ce secteur du Var.