Le site de « Pré Cacheloche » sur la commune de Cébazat (63) correspond à une emprise de fouille d’environ 4 ha. Au total, ce sont 2584 structures archéologiques qui ont été reconnues. Leur niveau d’ouverture se lit au sein des terres noires de Limagne ou dans les unités sous-jacentes correspondant à des dépôts de sables volcaniques.
Ces vestiges appartiennent à quatre grandes phases chronologiques : le Néolithique moyen, le Bronze ancien, la Tène finale et la période augustéenne et enfin le Bas Moyen-Âge.
Le Néolithique moyen
À ce stade de nos investigations, l’occupation néolithique se développe sur la façade est de l’emprise de fouille, avec une densité plus élevée de structures à l’extrémité nord-est. Cette occupation se caractérise par des vestiges d’habitats : fosses, foyers et à minima un bâtiment. Le mobilier céramique issu de la fouille exhaustive des comblements cale le gisement dans un Néolithique moyen 2 de tradition chasséenne. Les limites de cette occupation demeurent inconnues en partie nord.
Le Bronze ancien
La séquence Bronze ancien se dessine au travers d’une série importante de vestiges. Ces derniers se retrouvent sur l’ensemble de l’emprise de fouille. Les structures mises au jour révèlent la présence d’un espace habité et d’un espace funéraire. La partition entre ces deux espaces est bien marquée.
Une nécropole composée majoritairement d’immatures au nord-est de l’emprise :
La nécropole attribuable à l’âge du Bronze se localise à l’extrémité nord-est de l’emprise de fouille. Sa limite orientale demeure inconnue. Son développement plus au nord n’est également pas à exclure. Treize sépultures en fosse ont été reconnues. Il s’agit de neuf immatures et de quatre adultes. Trois sépultures d’immatures ont fait l’objet d’un soin particulier avec l’aménagement de leur fosse (coffrage). Ces inhumations livrent peu de mobilier. On soulignera néanmoins la présence d’un gobelet tronconique caréné surbaissé à anse complet, décoré d’impressions ; ainsi que d’une petite hache polie complète.
Des sépultures dans l’habitat :
La partie habitée comprend également des vestiges sépulcraux. On dénombre ainsi la présence de 12 sépultures dont trois sépultures de périnataux en vase et deux sépultures d’adultes à fosse aménagée. L’un des vases ayant contenu les restes osseux correspond à un gobelet caréné, avec décor constitué de deux lignes d’incisions réparties sur et sous la carène. Cet élément quasi complet appartient à un BronzeA2 récent et trouve de bons parallèles régionalement, notamment sur la fouille de la nécropole de Chantemerle à Gerzat.
L’habitat :
Un peu plus de 300 vestiges d’habitat ont été reconnus sur l’emprise pour la période. L’existence de bâtiment est attestée par la présence de trous de poteaux, avec ou sans calage, mais également par la découverte en position secondaire de fragments de torchis et de clayonnage. Des lambeaux de niveau de sol, matérialisés par une concentration significative de mobiliers, associés à des calages et des vases en place permettront également d’approcher au plus près l’organisation des espaces de vie.
Une structure de puisage semble pouvoir être rattachée à la séquence par la présence au sein de son comblement de plusieurs squelettes complets de canidés et d’ovi-caprinés, associés à un mobilier non diagnostique mais dont la pâte évoque celle des éléments Bronze ancien.
Des batteries de silos, des fosses de différentes envergures (dont polylobées) complètent la vision de cette occupation Bronze ancien.
Pour terminer ce portrait rapide des vestiges d’habitat de l’âge du Bronze, on soulignera la fréquence de découverte de vases complets en place au sein de fosses.
Concernant la structuration de l’espace, on notera l’absence de fossés attribuables à la période.
La Tène finale et les ensembles augustéens
Une centaine de vestiges en creux accompagnés de 30 sépultures en fosse en pleine terre témoignent d’une occupation des lieux aux II-Ier s. av. n.-è, jusqu’au changement d’ère. La nature et l’organisation spatiale de ces vestiges tendent à octroyer un statut particulier à cette occupation. En effet, si les travaux ont révélé la présence de structures usuelles pour la période (système fossoyé, plan de grenier sur poteau, fosses dépotoirs, puits, inhumation en fosse…), ils ont également permis la reconnaissance de vestiges plus rarement documentés. Il s’agit principalement des vestiges d’un porche monumental et du niveau de circulation attenant ; de deux fossés à remplissage sommital contenant des dépôts d’amphores conséquents et des restes humains (crâne mais aussi membres longs), complétés par de la céramique fine et de la faune.
Focus sur la structure ESP20934 (LTD1a)
Cette structure correspond à un creusement bilobé constitué par les fosses FS21120 et FS21144 à parois obliques et fonds plats. Les creusements sont conservés sur 70 cm de profondeur maximum. Un carroyage d’1 m de côté a été établi. La fouille, conduite en damier par passes de 10 cm, a généré 10 sections longitudinales et transversales. Six passes au total ont été réalisées. C’est à partir de la passe 4 que les deux creusements ont été distingués. Jusqu’à cette passe seul le pendage des mobiliers permettait d’identifier deux creusements.
Concernant plus précisément les comblements, il apparaît qu’ils correspondent à différentes phases « hiérarchisées » de rejet.
Les passes 1 et 2 livrent principalement du matériel céramique et des restes fauniques. Une sépulture d’un adulte située en lisière est de l’ensemble peut également être rapprochée des étapes constituant le comblement supérieur de la structure.
Les passes 3 et 4 sont quant à elles constituées d’un riche remplissage de fragments d’enduits peints pré-romains pour partie rubéfiés, de nombreux éléments métalliques (majorité de clous, mais aussi 2 monnaies, des ardillons/fibules, rivets, plaques indét.), de céramique, de reste de faune, de pièces macro-lithiques dont des fragments de meules et de très nombreux charbons centimétriques. Des fragments d’amphores sont également présents. Ces passes correspondent au comblement médian de la fosse bilobée.
Les passes 5 et 6 correspondent au comblement inférieur. Elles se caractérisent par un dépôt important de fragments d’amphores associés à une sépulture de périnatal ainsi qu’à des ossements erratiques immatures et adultes. Nous préciserons que les comblements repérés contre les parois des lobes s’individualisent par la présence récurrente de nombreux nodules de chaux blanches. Le fond du lobe FS21120 a livré quant à lui un couteau en fer complet déposé à plat.
À ce jour, cette structure ne connait pas de comparaisons.
Le Bas Moyen-Âge
Il faut directement se projeter entre le XIIIème et la fin du XVème siècle pour trouver une occupation médiévale dans l’emprise de fouille. Le site du bas Moyen-Age se caractérise avant tout par une spatialisation des vestiges bien définie. Trois principaux secteurs se dessinent : à l’ouest, une occupation dense caractérisée par une succession de mises en culture et d’exploitation des terres : une culture viticole en deux phases d’exploitation, remplacée par des enclos parcellaires successifs. Ces derniers ne sont pas contemporains les uns des autres mais se déplacent vers le nord au fur et à mesure de leur abandon.
Cet espace dense est en lien avec un fossé ouvert dont les divers aménagements qu’il accueille (palissade, fosse, maçonnerie avec ouvertures) sont identifiés comme les reliquats d’un moulin hydraulique.
Au nord-est, en limite de berme, les reliquats d’une seconde zone de culture viticole sont reconnus, d’abord avec architecture de poteaux puis en tranchée de plantation. Enfin, à l’est, en partie médiane, un enclos fossoyé quadrangulaire est dévolu probablement à une activité agro-pastorale (ensemble C).
Associés à ces espaces de culture, 3 bâtiments peuvent être potentiellement rattachés, bâtiments dont le caractère d’habitat semble clairement exclu.
Les groupements des autres structures, fosses ou poteaux, sont eux aussi répartis dans des secteurs peu ou prou similaires. Les structures isolées et hors de ces aires de concentration, sont très rares et peu riches en informations.
Contrairement à des périodes comme l’âge du Bronze ou la Tène, l’indigence du matériel archéologique associé aux vestiges, qu’il soit céramique, lithique ou métallique est indéniable. Il confirme néanmoins l’absence d’un habitat sur place. De même, le cas du mobilier céramique, à côté d’une vaisselle domestique, avec des pots pour la préparation, le stockage, des éléments de cuvier ou de bassine, est caractérisé par la présence d’éléments de pichets renvoyant au vaisselier du service de table. Le matériel, bien que rare, comporte donc des éléments relativement aisés, pouvant suggérer un habitat non loin, ce que les diagnostics attenants semblent aussi indiquer, comme le site de Marterol.